Open:joris:2657

lever-du-jour reptile-difficile-à-détruire conte en
[[include theme:penumbra]]

[[include credit:start]]
Titre original : When Day Broke the Unbreakable Reptile
Auteur : TopHatBionicle
Traducteur : Chercheur Joris
Date de publication originale : 10 avril 2023
Image : Logo par Impperatrix
[[include credit:end]]

Quand vous êtes assigné à SCP-682, ils vous disent qu'il y a trois lois essentielles que vous devez croire : # Il n'existe rien qui se rapproche de l'immortalité. Tout finit par mourir, que ça soit d'un meurtre, d'un accident, ou juste de vieillesse.  # Tout a une faiblesse. Si tout peut mourir, alors on peut faire mourir tout ce que l'on veut. Tout peut être tué.  # En aucun cas vous ne pouvez croire, ne serait-ce qu'une seconde, même inconsciemment, que SCP-682 ne peut pas être tué.
Bien entendu, celles-ci s'appliquent plus aux chercheurs tentant d'éliminer SCP-682, mais je continue d'y croire de tout cœur. Je n'étais cependant pas là pour tenter d'éliminer 682. Je suis j'étais un psychologue, envoyé par la Fondation pour tenter d'étudier le Reptile et d'en dresser un profil psychologique. En résumé, j'essayais de comprendre comment un esprit de destruction pure et de haine fonctionnait. Cela faisait partie d'une nouvelle initiative de la Fondation : tenter d'améliorer les procédures de confinement des SCP conscients en les comprenant sur le plan psychologique, et peut-être même trouver un moyen de les satisfaire et de réduire le nombre de tentatives de brèches de confinement. Tout le monde disait que j'étais fou quand j'ai demandé à travailler sur 682. Peut-être le suis-je, peut-être ne me serais-je pas trouvé là si je ne l'étais pas, mais j'étais là tous les jours depuis un mois, fixant un Reptile-Difficile-à-Détruire géant et meurtrier dans une cuve d'acide. 
Et je crois qu'il me fixait en retour. 
Je savais que 682 ne coopérerait jamais en étant interrogé, ou ne me donnerait pas sciemment un aperçu de sa psyché, donc j'ai décidé de m'asseoir et de le regarder jusqu'à ce qu'il commence à me parler. Tous les jours, je m'asseyais avec un stylo et un calepin, observant le Reptile, et quand il n'avait rien de mieux à faire, il me regardait en retour. J'avais l'impression d'être Clarice Starling regardant Hannibal Lecter, à la différence qu'Hannibal parlait, lui. Je savais que 682 me trouvait, avec les autres chercheurs, "répugnants". Je savais qu'il voulait la mort de toute vie sur Terre, mais je me demandais si, peut-être, juste peut-être, sa curiosité prendrait le dessus. 
Nous ne le saurons jamais, parce qu'un jour le Soleil décida qu'il voulait aussi la mort de toute vie sur Terre.
 _


 _

Ce jour-là je me tenais, incrédule, dans l'embrasure d'une porte située à peine hors de portée de la lumière, regardant fixement le monde blanchi par le Soleil. La chaleur roussissait la Terre nue. Du rouge et du orange dansaient là où se trouvaient auparavant du vert et du bleu. Des amis et des collègues fondaient, transformant le paysage en une peinture surréaliste de cauchemar, et pourtant, je ne pouvais que fixer 682. Les chairs fondaient sur le dos du Reptile aussi vite qu'il parvenait à les régénérer, peut-être plus. Cela sentait les chairs brûlées en décomposition et la haine, et sonnait comme le goudron clapotant et bouillonnant dans les fosses les plus profondes des Enfers. Ce qui me terrifiait à cet instant précis, plus que la brèche de confinement, plus que les gens fondant autour de moi, plus que le Soleil haineux, était que peu importe ce qu'il essayait pour s'adapter, le Reptile continuait de fondre. 
Et malgré moi, malgré tout ce en quoi je croyais et sur quoi j'avais travaillé, malgré les trois lois essentielles que je tenais avec plus d'estime que n'importe quelle règle, loi, ou religion, je n'arrivais pas à y croire. 
Je n'arrivais pas à croire que SCP-682 était mourant.
Après plusieurs tentatives d'adaptation infructueuses, 682 se résolut à amasser la chair déjà fondue sur son échine et de se rouler en boule autant que possible, dans le but d'éviter d'être exposé à plus de lumière. Il se blottit sous la masse de chairs frétillantes qui avaient fondu sur son dos, même si la chair elle-même semblait essayer de s'échapper. Roulé en boule sous un parasol de sa propre chair dorsale fondue, se tenant à distance de tout rayon solaire qui menaçait de le toucher, 682 semblait presque effrayé. 
Le Reptile dû remarquer que je le regardais, car il fit la seule chose que j'attendais de lui depuis des semaines : il me parla. 
"Je ne veux pas de ta pitié, humain." Il se tourna pour me regarder, ignorant les rayons du Soleil qui faisaient fondre le bout de son museau pour y parvenir. "N'es-tu pas heureux ? Tu as finalement trouvé un moyen de me tuer. N'était-ce pas ce que tous les humains répugnants de ce misérable endroit voulaient ?"
"Pas de cette façon." Je retrouvai l'usage de ma voix. "Tout ce que je voulais — tout ce que la Fondation a toujours voulu — c'était protéger l'humanité. Te tuer au prix de l'humanité elle-même ? Ce n'est pas une victoire. C'est la pire défaite qu'il soit." Puis ma colère monta, en même temps que ma voix. "N'es-tu pas heureux, toi ? Presque tout ce qui est vivant sur Terre est en train de mourir. N'est-ce pas ce que tu voulais ?"
Peut-être que SCP-682 gloussa, ou peut-être était-ce simplement le bouillonnement de la chair fondue, mais même à travers toute la chaleur, la voix du Reptile me faisait encore frissonner.
"Je connais la mort. Je m'en délecte. Je veux la mort de toutes les créatures répugnantes qui vivent ! Mais ça…" 682 grogna en direction de la chair, sifflant comme un serpent. "C'est pire que la mort. Pire que la vie. Pire que tout ce que toi et moi pouvons imaginer. Même pour une chose aussi dégoûtante que vous, ce n'est pas le châtiment que je souhaiterais." 
"Est-ce pour cela que tu reviens à l'intérieur ?" Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça, ou pourquoi je continuais de parler après avoir vu la colère brûler dans les yeux du Reptile. "Tu détestes toute vie. Est-ce que ça t'inclus ? Penses-tu que cette mort — ou, 'non mort' — est un châtiment convenable pour toi ?"
Je savais que j'avais signé mon propre arrêt de mort. La haine de 682 éclipsa son instinct de survie, et il se leva lentement et s'avança d'un pas lourd dans ma direction, traînant la chair de son dos à sa suite. Avec le recul, j'aurais dû fuir. J'aurais au moins dû fermer la porte. Je ne comprends toujours pas pourquoi je ne l'ai pas fait. Le Reptile s'effondra avant d'avoir pu revenir à l'intérieur, avant même qu'il ait pu se rapprocher suffisamment pour me blesser. Son corps fondait de plus en plus, et son pouvoir de régénération tentait désespérément de suivre. 
J'ai dû halluciner, ou peut-être était-ce juste un bout de chair fondue, mais je jure avoir vu une larme rouler d'un œil de 682.
"Est-ce que ça fait mal ?" était tout ce que j'ai trouvé à dire. Une question vraiment stupide, et une de celles que je n'aurais jamais dû poser, mais la réponse de 682 me surprit et me terrifia.
"Pas de la façon que tu dois penser. Vous et vos 'tentatives d'élimination' m'ont causé des douleurs bien plus grandes." Le Reptile se mit en branle sous le poids de sa propre chair fondue, pivotant pour me regarder droit dans les yeux. "Veux-tu une autre info pour ta base de données, Petit Scientifique ? Je vais t'en donner une. Toutes vos tentatives pour me tuer ont été atrocement douloureuses, mais ce n'était rien comparé à la douleur de se régénérer après chacune d'entre elles. Il semble qu'une partie de ma malédiction est de ressentir deux fois la douleur infligée par la blessure en me soignant."
Je me remémorai toutes les tentatives d'élimination de 682, toutes les procédures douloureuses, tous les moments pénibles que la Fondation lui avait fait subir.  
Je n'en connaissais même pas le quart, mais j'avais déjà envie de vomir. 
"Mais ce n'est rien de comparable", poursuivit le Reptile. "La fonte ne fait pas du tout mal, pas physiquement, et la régénération picote juste un peu. Non, la seule douleur que je ressens est de savoir ce que je deviens, et ce que je dois m'avouer." 
682 s'avança encore un peu. J'aurais dû fuir. J'aurais dû fermer la porte. Je n'aurais clairement pas dû poser d'autres questions.
"Qu'est-ce que tu ES en train de devenir ?" dis-je d'une voix étranglée. "Et qu'as-tu à t'avouer ?"
Le Reptile se traîna jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de la porte. Je ne pouvais toujours pas détourner le regard. Je ne pouvais toujours pas en croire mes yeux.
"Je dois reconnaître que tu avais raison," gronda 682. "Qu'au fond, il n'y a aucun être vivant que je déteste plus que moi-même. Que je souhaitais, chaque jour, que votre prochaine tentative de me tuer soit une réussite, et que je puisse sombrer dans la damnation éternelle. Et que, peut-être, fondre en une pile de chair immortelle est le seul châtiment que je mérite vraiment."
"Quant à ce que je suis en train de devenir," dit-il, 
“As for what I’m becoming,” it said, finally pushing up from its crouch, that should become obvious soon enough.”

Oh God, how do I even describe the sound it made? It was like a cry of pain and a sigh of relief, a scream of hatred, and a shout of pure joy all rolled into one. 682 threw the flesh that had been shielding it off its back, stood on its hind legs, and screamed at the Sun. As long as I live, I will never forget seeing 682 melt and regenerate and melt constantly as the Sun beat down on it. The pile of flesh grew bigger and bigger as the Reptile shed its melting skins one after another, each one wriggling and writhing as if it was alive.

I think I know what Hell looks like.

All I could do was stare in horror as 682 threw layer after layer of melted skin off its body. I’ve seen 682 survive tortures and mutilations crafted by the most sadistic minds on Earth, and yet this… this was more horrific than all of them combined. It was like the Sun was fighting 682’s regeneration to see which was faster, and 682 was helping the Sun.

Suddenly I was yanked back and the door closed in front of me. “The hell were you doing?” An MTF shouted at me. “There’s an XK in progress AND 682 broke containment, we have orders to shelter in place so we can do fuck all about it, and you’re just standing there gawking at the doorway while whatever the hell that… hey, you ok?”

When you’re assigned to SCP-682, they tell you there are three laws of nature that you must believe:

  1. There is no such thing as immortality. Everything will die eventually, be it from murder, accidents, or just old age.
  2. Everything has a weakness. If everything can die, then anything can be made to die. Anything can be killed.
  3. Under no circumstances can you believe, even for a second, even subconsciously, that SCP-682 cannot die.

On that day, as I stared blankly at the MTF, all I could say was three words. Three words that, on any other day, would’ve been cause for the greatest celebration the Foundation had ever seen. Three words that, on that day, of all days, were absolutely terrifying.

 _

“SCP-682 is dead.”


 _

Sauf mention contraire, le contenu de cette page est protégé par la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.0 License